D’origine aristocratique anglo-saxonne (celtique), le jeune Berthuin fut instruit à l’abbaye d’Othbell. Plus tard, il fut choisi par les paroissiens pour prendre la tête du diocèse. Il était un évêque apprécié de tous et assuma chaque jour sa tâche sacrée avec un grand dévouement et une grande humilité. Il était le grand prêtre de l'Ecriture et annonçait la parole de Dieu en traversant villes et campagnes.

      Une nuit, l’ange du Seigneur lui apparut en songe lui annonçant qu’il devait quitter son pays natal pour se rendre dans la vallée du ruisseau Landuwe (ancienne dénomination du Landoir) en Gaule-Belgique et évangéliser la région.

      Dès son réveil, il rassembla tous ses proches pour leur expliquer sa décision de suivre les instructions que le Seigneur lui avait données. Après avoir fait don de tous ses biens aux pauvres de son diocèse, il prit avec lui les livres divins, les reliques des saints et se mit en route vers le continent, se détournant auparavant pour un séjour de deux ans à Rome afin d’y méditer et approfondir les démarches qu’il allait devoir entreprendre. Arrivé à Namur (vers 652), il demanda à un manant le nom des cours d'eau de la région, et reconnaissant parmi ceux cités celui que lui avait signalé l'ange, il longea la Sambre jusqu’au confluent du Landoir

(endroit où fut érigée, en 1998, une stèle commémorative). Là, il ne découvrit qu'une grande étendue boisée, des fourrés fort épais de buissons et d'épines et des repaires de bêtes sauvages et de brigands. Demandant à un gardien de troupeau l'endroit d'une clairière où il pourrait s'installer, il y tendit sa tente et y établit son campement.

      Les jours suivants, il construisit alors, aidé de quelques « disciples », un oratoire qu’il dédia à la Vierge à laquelle il vouait un culte tout particulier. Suivant encore la prédiction de l’ange qui lui apparut à nouveau, il bâtit cette première « église » à l’emplacement d’un cercle de rosée, à côté d’une source qu’il bénit (il s'agit de la fontaine Saint-Berthuin, réputée miraculeuse, coulant toujours à proximité de l’église abbatiale).

      Dame Roga, une riche propriétaire flawinnoise à qui appartenaient les terres de Malonne les lui céda, séduite par la sainteté de l’homme. Averti du bien que faisait Berthuin par Odoacre, dignitaire de Floreffe, le roi Pépin II (Duc d’Austrasie, dit de Herstal) lui fit don de cinq grandes propriétés agricoles entourant le domaine de Malonne. Ces cinq métairies sont symbolisées par les cinq clochers de la maquette d'église que porte Berthuin dans sa main droite, devenue son attribut distinctif.

      La riche et prospère abbaye, et de là, le village de Malonne virent ainsi le jour. Berthuin fit déjà bon nombre de miracles de son vivant, et les gens qui le rencontraient lui reconnaissaient l'âme et la sagesse d'un saint homme humble, chaste et pieux, se donnant totalement au service de son prochain et de son Dieu.

      Il meurt en 698 ; il est alors enterré sous le pavement de son église et est déclaré saint par la ferveur populaire (vox populi).

      Ce n’est que plus tard, en 1200, que l'Eglise reconnaîtra officiellement saint Berthuin. Cet évènement donne lieu à de très grandes festivités, et à la translation des reliques du saint dans une châsse. Toutes les autorités civiles et religieuses de la région participent à ce jour fastueux. De nombreux miracles ont été recensés par écrit à cette occasion.

 

Ce texte est basé sur la première "Vita Bertuini" (vie de saint Berthuin) mise par écrit au IXe siècle peut-être par un moine de l'abbaye de Malonne.

Ce texte est d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'un des premiers récits hagiographiques "belges".